Continuons de feuilleter l’Almanach Rotrou de 1907. Pour connaître le Dreux d’antan, le plus instructif est de lire les pages publicitaires, les « réclames » des artisans et commerçants drouais. Des annonces concernent des métiers disparus, comme une fabrique de javeliers (articles en bois tournés pour ramasser les foins) ou un cordonnier fabricant des galoches et sabots de bois. Les quatre dentistes drouais possèdent chacun leur publicité pleine page. Madame Raoul promet des extractions sans douleur et propose une potion magique maison : La Raouline, incomparable pour le parfum de la bouche et calmer les douleurs.
De nombreuses compagnies d’assurance vantent leurs prestations, comme la Société d’assurance mutuelle du Mans, l’Union et la Mutuelle générale française. La Rouennaise assure contre l’incendie, le chômage (l’assurance chômage prise sur salaire n’existait pas à l’époque). Elle couvre aussi contre l’explosion de la foudre, du gaz et des appareils à vapeur.
L’agence d’assurance « l’Union » boulevard Louis Terrier est tenue par Georges Champagne, grand collectionneur d’objets d’art et féru d’histoire locale. Nous lui devons plusieurs ouvrages incontournables sur l’histoire de Dreux, notamment sur le beffroi.
Trois bureaux de placement tiennent lieu et place de Pôle-Emploi. Une agence spécialisée dans les ventes et achats de fonds de commerce offre des emplois aux domestiques et employés de tous genres (les dames et les demoiselles sont logées confortablement). Un bureau de placement industriel « Aux Sept Corps Réunis », tenu par un aubergiste du Val Gelé, est spécialisé pour les maréchaux (ferrants), forgerons, charrons, serruriers, mécaniciens, menuisiers et charpentiers.
L’architecte Avard, concepteur entre autres de l’arsenal et des vitrines de la Grande Rue, propose ses expertises et arbitrages auprès des tribunaux. Le Café de Paris sert entre autres menus des bouillons et organise des auditions du « Théâtrophone », relié par téléphone avec l’Opéra et les principaux théâtres de Paris. Édouard Michon, spécialiste des peintures décoratives, décorations artistiques d’appartements et d’églises, organise des cours de dessin et peinture. Il est le créateur des décors muraux de la salle des mariages de l’hôtel de ville installée au premier étage de la Caisse d’Épargne (actuellement le Dôme) et créateur des fresques de l’école des filles, rue Saint-Martin.
Depuis la fermeture assez récente des établissements Govin, Lemonne et Esmery Caron, dont les noms figurent dans les almanachs drouais de 1900, il n’existe plus aujourd’hui, à ma connaissance, d’établissement drouais survivant de cette époque désormais lointaine.
La municipalité drouaise édita de 1960 à 2000 un bulletin municipal annuel qui reprenait peu ou prou la conception de l’almanach. Une éphéméride de l’année précédente des principaux évènements survenus à Dreux, particulièrement ceux organisés par la municipalité, l’éditorial du maire. L’équipe municipale y était présentée. On y trouvait des articles signés des principaux adjoints sur des thèmes particuliers tels que la santé, les travaux publics, les enseignements, etc. mais aussi des articles d’histoire locale en particulier signés Jean Lelièvre. Ces bulletins municipaux nous renseignaient, comme les almanachs 1900, sur la vie des Drouais à une époque révolue.
Je me joins à toute l’équipe de M Ta Ville pour vous souhaiter à la manière des almanachs d’antan une bonne fin d’année 2023 !
PIERLOUIM
