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Chronique d'Audrey : voyages en Italie, Les villes italiennes grecques

Si on trouve aujourd’hui encore certains des plus beaux monuments grecs en Italie et notamment en Sicile, dans certains villages on y parle encore un dialecte grec. Partons à la découverte de la culture grecque en Italie.

Ipogeo dei Togati, bas relief témoignage de la Néapolis. Crédit photo Antonio Giordano - © Droits réservés
Par Audrey HUBERT PETRONTI - Le 28 février 2024

Je vous propose ici un voyage en trois étapes, à travers l’histoire grecque italienne, de l’ancienne Néapolis aux villages du talon de la botte pour finir en Sicile, terre des temples grecs.

Commençons par l’histoire de Naples la grecque. Autrefois elle se nommait Partenope, fondée par les grecs il y a 3500 ans. Puis au IVe siècle avant J-C, les grecs la rebaptisèrent « Néapoli » ville nouvelle en grec, dont on retrouve aujourd’hui encore la division urbanistique de l’époque. Les traces de la ville grecque se trouvent sous la ville actuelle où demeurent les différentes nécropoles helléniques, témoignage exceptionnel de l’idéologie funéraire. À 12 mètres de profondeur, on trouve des sarcophages sculptés et peints de couleurs vives, témoignant du prestige des familles aristocratiques du IVe siècle avant J-C. Un itinéraire part de la Porte de San Gennaro vers la place Cavour où les murs d’enceinte de l’ancienne ville fortifiée sont encore visibles. La visite se poursuit vers l’exposition des ruines qui se trouve en sous-sol… à la station de métro ! Un véritable musée se niche ici à la station Neapolis, qui conserve des œuvres trouvées lors des travaux de construction du métro. Difficile de creuser ici sans tomber sur une trace de l’Antiquité ! Toujours en sous-sol, un témoignage restant de l’ère grecque est « l’ipogeo dei Togati », un bas-relief représentant deux personnages vêtus de toges, dont on ne voit plus que le bas des jambes, l’édifice ayant été recouvert par une construction plus récente. Suivez les pas des protecteurs de ces témoignages de la vie antique grecque : l’association Celanapoli propose des visites guidées, pour un parcours hors des sentiers battus.

De Néapolis au sud des Pouilles. Devenue depuis quelques années une destination prisées des vacanciers, les Pouilles conservent un patrimoine immatériel très riche. Il existe encore aujourd’hui, des villages dont la langue traditionnelle est un dialecte grec, le Grikos, transmis oralement de générations en générations pendant des siècles. Cette petite partie de la région du Salento est d’ailleurs appelée la Grèce salentine. Ces communautés sont aujourd’hui sauvegardées grâce à la création d’un consortium des municipalités concernées qui garantissent la sauvegarde de la langue Grikos et de sa culture. Voici donc un petit itinéraire des villages de la « Grecia Salentina ». Calimera (qui signifie « bonjour » en grec) représente la communauté la plus grande de la région où l’on parle encore couramment le dialecte dans les rues. Martano où l’on peut trouver entre autres une boulangerie grecque – panetteria en italien. Castrignano dei Greci, ancienne ville fortifiée où se trouve une crypte aux inscriptions grecques. A Corignano d’Otranto où l’on le nom des rues évoque son origine byzantine. Et enfin Sernatia et ses petites rues sinueuses et colorées, témoignage d’une riche tradition culturelle et spirituelle. La ville était également un centre où l’on recopiait des manuscrits et où l’on diffusait la pensée philosophique grecque antique. D’autres villes ont des origines grecques comme Galatina, Gallipoli ou la « belle ville » (Kalé Polis en grec) qui porte très bien son nom. Une autre tradition ancestrale est la tarentelle, et plus particulièrement la pizzica, deux danses singulières au rythme effréné. Pratiquée de façon rituelle jusque dans les années 60, la pizzica, aux vertus cathartiques évoque les cultes dionysiaques de la Grèce antique. L’été, durant les fêtes de villages, les danseurs professionnels et amateurs envahissent les places : un spectacle magnifique et envoutant à ne pas manquer.

La Sicile, terre de temples grecs. Sélinonte et son acropole représente l'un des sites les plus fascinants de l’île ; le parc est aujourd'hui considéré comme le plus grand et le plus impressionnant d'Europe. Elle était autrefois l'une des villes les plus riches et les plus puissantes de la « Magna Grecia », et sa splendeur peut encore être ressentie en admirant les vestiges des temples, des sanctuaires et des autels. Depuis l’acropole, on peut admirer une vue magnifique sur la mer. On se laisse transporter dans les rues de cette ville dont le nom dérive du mot grec « selinon » signifiant « céleri ». La Vallée des Temples à Agrigente est un des lieux les plus sacrés de la Sicile, classé patrimoine mondial de l'UNESCO. Ici l’atmosphère y est toute particulière et on y respire encore la légende des anciens dieux, surtout si on visite le site de nuit, sous le ciel étoilé et les temples éclairés. Poursuivons avec le parc archéologique de Néapolis à Syracuse pour assister à une tragédie grecque jouée dans le majestueux théâtre grec : une expérience unique dans une vie. Le théâtre grec de Taormine semble quant à lui suspendu entre ciel et mer, l'Etna en toile de fond. En été, on y organise des festivals d'art et de cinéma.

Tout comme les cultures s’influencent les unes les autres, que ce voyage vous inspire ! A presto !

Ipogeo dei Togati, bas relief témoignage de la Néapolis. Crédit photo Antonio Giordano - © Droits réservés
Ipogeo dei Togati, bas relief témoignage de la Néapolis. Crédit photo Antonio Giordano - © Droits réservés
Temple E de Sélinonte en Sicile - © Droits réservés
Temple E de Sélinonte en Sicile - © Droits réservés

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